mercredi 17 avril 2013

Ma vie quotidienne au Cap

         Je profite de ce jour de pluie particulièrement dégueulasse pour vous redonner des nouvelles, navré pour cette longue absence bloguienne ! Par ailleurs, il est largement temps de vous donner un aperçu de ma vie quotidienne, car non, je ne suis pas seulement un esprit flottant parmi le ciel (aujourd'hui nuageux) des idées géographiques.

Le 27, Grimsby Road

          Vous connaissez maintenant l'adresse que j'ai depuis deux mois. Comme le sauront mes plus fidèles lecteurs hypermnésique,  c'est à Sea Point, sur la côte au nord-ouest du centre-ville.Plus précisément en fait, je suis à Three Anchor Bay, Sea Point commençant au pâté de maison d'à côté. Mais comme me le disait en substance une Allemande venue braaier un soir : "verdammte Wichser ist tot, was haben wir denn, um einen Unterschied zu klein schlagen" (traduction : au fond, on n'en a rien à battre). Le quartier en lui même est sympa, bouge un peu (mais moins que Long Street ou Waterkant). Le building voisin est un Ritz, mais apparemment c'est un faux. J'ai même entendu l'expression "the less ritzy Ritz", je pense qu'ils ont un gros problème de communication. On peut faire ses courses dans le quartier, imprimer ses questionnaires, manger de tout (au moins asiat', italien, "africain", indien à ma connaissance), aller au cyber café, sortir boire un verre ou en boîte glauque... C'est plutôt vivant. Et surtout, c'est relativement sûr la nuit. Aucun souci en marchant, même seul, sinon de tomber sur l'occasionnel sans-abri un peu trop insistant.
          Nous partageons une chambre avec Etienne, un autre étudiant français en mémoire de Master. Il travaille sur Bo Kaap, un quartier qui fera bientôt l'objet d'un article. C'est une ravissante maison d'étudiants, nous sommes sept à l'intérieur, plus Moka, un chat. Bon, autant les murs en jettent, autant les meubles et autres portes tirent un peu la gueule. Le frigo est à deux doigts de s'effondrer sur lui-même, la machine à laver a été en panne bien une semaine, je ne vous parle pas de la douche, et on a dû vivre un certain temps sans serrure à la porte de notre chambre. La piscine a généralement une couleur vert d'eau, du moins plus "vert" que "d'eau". Mais bon, c'est pas comme si j'avais eu l'intention d'investir dans la pierre de Grimsby ! Et au fond, on y est pas si mal. Surtout, c'est à cinq minutes à pied de la promenade de Sea Point, ce qui est parfait pour moi. A titre informatif, on paie chacun 3000 rands, soit dans les 280 euros. C'est quand même plus qu'honnête, considérant qu'on est dans une des villes les plus hype d'Afrique.

Afrique du Sud : boostez votre pouvoir d'achat

          Pour résumer, tout l'alimentaire et la boisson voit son prix divisé par deux par rapport aux prix auxquels je suis habitué en France. Un super restaurant, classieux et tout, se trouve pour une vingtaine d'euros. La bière peut même être moins chère qu'en Irlande, où j'avais fini par dégotter des pintes à un euro en happy hour. A quelques pas de chez nous, on trouve même de très honnêtes cocktails à 25 rands, soit dans les deux euros, dans un cadre tout à fait agréable. Autant vous dire qu'il y a moyen de se faire plaisir. Le seul souci, c'est de ne pas tomber dans le piège du "ça ne coûte pas cher, donc je dépense sans compter". Ah, et bien sûr n'oubliez pas de "tiper", le service n'est pas inclus.
          D'autres choses sont nettement plus chères, par contre, je pense particulièrement aux livres. Pour un livre de poche neuf, pas particulièrement long, ouvragé ou illustré, il faut compter entre 150 et 200 rands. C'est peut-être le problème de l'Afrique du Sud, en fait : chez nous, on a deux livres pour le prix d'un cocktail... eux, ils ont six cocktails pour le prix d'un livre. Bref, ne vous attendez pas à ce que je vous ramène de la littérature sudaf en cadeau, les gars (ou préparez d'ores et déjà le shaker et la glace pilée, j'aurai soif).

Un système de transport... original

          Les transports au Cap, c'est tout un poème (il en existe d'ailleurs un recueil, La poésie du minibus, je crois). L'idée, c'est qu'il faut avoir une voiture, même au centre. Marqueur social autant que moyen de déplacement, elle donne surtout accès aux environs de la ville. Inévitable pour les gens des banlieues blanches un peu éloignées, à l'américaine. Le truc sympa, pour avoir un peu conduit moi-même, c'est qu'il est très facile de se garer un peu n'importe où, même en centre-ville. Comme dans les films où le type débarque, et trouve direct une place de dix mètres de long en face du lieu où il se rend. Faire un créneau relève ici de la légende urbaine. Après ça, il est de bon ton de laisser quelques rands aux très nombreux Parking marshalls qui parcourent les trottoirs, aident à se garer et surveillent l'auto.
Ambiance pépouze ( mais on se retrouve parfois à plus d'une quinzaine dans ces trucs)
          Autre moyen de transport incontournable : le minibus taxi. Il existe des lignes, mais pas vraiment d'arrêt : il suffit d'attendre un instant au bord de la route pour se voir proposer de monter. Le gars vous dépose n'importe où sur la ligne, parfois au beau milieu de la rue. Le chauffeur a généralement un associé,  le catchie, qui gueule la destination par la fenêtre et vient vous alpaguer lors des (brefs) arrêts du minibus. Ils sont dotés de pouvoir surnaturels : pas plus tard qu'hier, il a bien fait cinquante mètres pour venir nous chercher dans une rue perpendiculaire alors que nous descendions sur Main Road, après que j'ai eu dit à l’Étienne "dommage, on n'aura pas celui-là"... je ne croyais pas si mal dire ! La musique est généralement bonne, et surtout assez forte. Avoir moins de 500 watts d'enceintes dans le bouzin semble condamner le proprio du minibus au déshonneur. Il faut aussi savoir que cette belle industrie a un fonctionnement quelque peu mafieux. A la fin de l'apartheid, quand le centre-ville a été ouvert aux conducteurs de minibus taxis (qui étaient jusque-là cantonnés aux townships), les gonzes se sont affrontés au cours des fameuses Taxi Wars qui firent des centaines de morts parmi les conducteurs et les passagers, pour le contrôle des différentes lignes. Encore récemment, à l'ouverture d'un nouveau centre commercial, deux syndicats se sont à nouveau affrontés... Bref, ambiance GTA Vice City in da street.
          L'essentiel des déplacements peut se faire à pied une fois dans le centre. Après tout, c'est quand même la ville de colons hollandais, à la base. J'en profite pour caser le montage "aperçu du centre-ville" pour répondre à ceux qui voulaient savoir quelle tête le paysage urbain pouvait bien avoir. Rien de très étonnant pour un Occidental, à vrai dire. Les routes sont plutôt plus larges, les bâtiments ou moins hauts que chez nous, ou beaucoup plus hauts (dans le CBD particulièrement). M'enfin c'est pas New York non plus : la ABSA Tower ne fait jamais que 32 étages, par exemple, ce qui est du même ordre que la tour Oxygène à Lyon. Par contre, le 31e étage vaut le détour : il abrite le Club 31 (logique), une boîte qui tient le haut du pavé au Cap. Ca vaut le détour, ne serait-ce que pour la vue sur tout le centre-ville de nuit. L'entrée est relativement chère pour l'Afrique du Sud, une centaine de rands je crois.

          Je n'en rajoute pas plus, en espérant que ce petit tour du quotidien vous aura plu. Faut bien que je me garde des détails pour le retour ! Prochain article : Bo Kaap ou la Garden Route. A bientôt !

9 commentaires:

  1. Sympa cet aperçu!
    Certains détails me rappellent le Pérou, notamment pour les transports et le coût de la vie!

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  2. Que doit-on déduire du fait que ton lit est deux fois plus large que celui de ton coloc ?

    J'ai bien une petite idée mais ...

    La Forme informe

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    1. Le débile d'historien à côté de moi à la bibli (celui qui étudie les règles du jeu de l'oie dans le Lyonnais à l'époque moderne) n'a pas compris que le corps de rêve étendu sur le lit de la photo de tes appartements n'était pas le tien. Au final, c'est tout ce qui intéresse la journaliste anonyme de Cosmopolitan que je suis : la nourriture de Cap Town t'a-t-elle fait enfler ?
      (PS : les articles m'intéressent quand même un peu, grâce à tous ces renseignements sur la vie en Afrique du Sud je vais pouvoir répondre juste à des questions culturelles super pointues et gagner des paris contre l'historien de génie déjà cité, afin de boire plus de cafés gratuits. MISS YA BRO)

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  3. A part ça, le fait que les maisons du Cap aient un toit les rends très compétitives par rapport au marché du logement lyonnais ...

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  4. C'est juste que j'attends le retour de Jeff pour avoir un nouveau plafond et qu'il soit présent pour la fête que je vais organiser en l'honneur de cet incroyable privilège locatif d'avoir de la lumière et du placoplatre au-dessus de la tête.

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    1. Bon Pussy C. il faut qu'on arrête de polluer le blog de ce brave Johnny, sinon il y aura bientôt plus d'articles sur la France que sur Cape Town ...

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  5. PS : je pense que ce Mojito, si c'en est-un sur la photo, ne vaut pas plus que le prix qu'on te l'a vendu ! Et je sais de quoi je parle :P

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  6. De loin ton meilleur billet! Ca parle boissons, taxis Jaky tuning tour 2013 et mafia.
    PS: moi qui comptait sur toi pour nous ramener des livres, c'est ballot, tant pis, on aura que des bouteilles en souvenir :D

    A tobien bichon

    Max

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  7. Et sinon, tu vas nous revenir tout bronzé ?

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